Le CFAD, c’est CQFD : plus que deux acronymes, une solution d’avenir pour la protection sociale des plus fragiles.
Invités par la LAB OCIRP sur le thème des « Organismes non lucratifs de protection sociale : de la logique de l’offre à celle de la demande. La réponse du CFAD-Collectif France pour l’Appui à la demande » : – Jacques Daniel, Président du CFAD – Philippe Calmette, Vice-Président et Vice-Président de Nexem – Pierre Haristouy, Directeur – Christophe Lecuyer, Directeur de l’Innovation |
Le Collectif France pour l’Appui à la Demande , invité par le LAB OCIRP le 26 janvier dernier a présenté sa vision totalement novatrice de l’accompagnement des personnes en situation de handicap et de perte d’autonomie. Plutôt que penser l’aide et les services en partant de l’offre disponible, mieux vaut, explique le Collectif, soutenir la demande, autrement dit agir à partir des besoins des bénéficiaires. CQFD, c’est ce qu’il fallait démontrer.
Par Patrick Lelong, journaliste.
Boris Vian disait « une sortie, c’est une entrée que l’on prend dans l’autre sens ». Alors adoptons cette vision en remettant les choses dans un autre ordre pour passer de la protection à l’émancipation à grande échelle. C’est l’ambition du CFAD, créé en février 2022. Il s’agit de prendre le parti de la Citoyenneté. C ‘est d’ailleurs le sens de l’histoire que de transformer au fil des préoccupations sociétales et des lois les incapacités momentanées ou irréversibles en… capacités.
Et pour cela « il faut accompagner en édifiant une co-construction avec la personne concernée non pour la protéger mais pour lui permettre d’exprimer ce qu’elle peut faire et a envie de faire » explique Philippe Calmette, Vice-Président du CFAD et Vice-Président de Nexem. Et de rappeler la loi sur le Handicap de 2005 qui met en avant la possibilité pour la personne fragile de construire des parcours et d’aller vers la citoyenneté, autrement dit vers l’inclusion la plus totale. C’est l’ambition de l’APV , le dispositif Assistance au Projet de Vie avec de véritables métiers tournés vers l’accueil des personnes fragiles pour leur permettre d’accéder à un emploi en entreprise.
« Pour mettre en application la loi de 2005 sur le handicap, les acteurs de l’économie sociale et solidaires et l’ensemble du monde non lucratif (associations, mutuelles, institutions de prévoyance) ont besoin de créer des outils et de former les professionnels aux nouvelles pratiques. C’est ce modèle novateur qu’apporte le CFAD ».
Changer de paradigme
La demande est une réalité et cette approche a été validée, il y a quelques années, par des expériences concluantes menées par Nexem, Klésia et l’OCIRP. Elle ne concerne pas seulement les demandes en établissement via les MDPH mais aussi le logement, l’emploi, la vie en couple. Le champ est vaste et implique l’ESS, les politiques publiques et toute une coordination entre acteurs des territoires à « décloisonner » pour plus d’efficacité et les entreprises à sensibiliser au travers en particulier des DRH.
Pour mettre tout cela en place à l’échelle nationale, Pierre Haristouy, directeur du CFAD explique que le Collectif « propose de structurer le travail de terrain et d’accompagner les projets d’autonomie de la demande jusqu’à la réalisation, avec tous les acteurs concernés pour une meilleure vie quotidienne ». Et Christophe Lecuyer, directeur de l’innovation du CFAD de poursuivre : « au cœur de ce dispositif, la formation et la présence d’un maître d’ouvrage (parents ou adultes) pour coconstruire le projet de vie plus autonome ».
Pas de solution toute faite, mais la réalité d’une écoute et la mise en œuvre. Une formation, certifiée par le CNAM permet aux APV d’être réellement opérationnels en apportant les compétences requises. En somme, tout est prêt pour avancer et réaliser. « Nous avons dépassé le stade l’expérimentation », relève Jacques Daniel, Président du CFAD. « Nous sommes opérationnels, nous pouvons industrialiser notre concept si je peux utiliser cette expression en l’adaptant exactement aux besoins de l’utilisateur. C’est une autre façon de repenser les services et de mutualiser, sans exclure et c’est la raison pour laquelle nos partenaires « naturels » sont les IP et les mutuelles ».
Rappelons-nous que les personnes fragiles, ce sont nous tous et cette approche développée par le CFAD nous concerne tous. Et Marie-Anne Montchamp, directrice générale de l’OCIRP de conclure : « La démarche présentée par le CFAD est très importante. Elle percute le modèle assurantiel. Elle invite à passer d’un modèle assez descendant , normatif, prescriptif à un modèle ascendant qui procède de l’attente réelle de nos concitoyens en matière de protection sociale. Ceci dans le but que les réponses apportées soient pertinentes ».
Patrick Lelong