IPSE : Les femmes au travail, une sécurité négligée ?
Note de synthèse. 8 mars 2023
En cette journée internationale des droits des femmes, l’IPSE publie une note de synthèse consacrée à la sécurité et à la prévention au travail pour les femmes.
S’appuyant sur des travaux récents de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), cette note revient sur la nécessité de promouvoir des organisations du travail adaptées dans des secteurs où l’emploi salarié est à prédominance féminine (métiers du lien et du soin, grande distribution et commerces alimentaires) ainsi que des emplois à prédominance masculine qui se féminisent. Les normes masculines impactent la santé des femmes. Les organisations du travail et la réglementation doivent prendre en compte la différenciation des sexes pour une équité professionnelle effective.
Depuis les années 2000, les accidents du travail connaissent en effet une augmentation significative chez les salariées en France (+41,6%). Cette réalité impose une forte mobilisation de nos institutions, ancrées dans le dialogue social et l’économie sociale, afin de compléter et d’approfondir les actions engagées par les pouvoirs publics en la matière.
Le rapport de l’ANACT souligne que les femmes sont exposées à une sinistralité élevée (accidents du travail, maladies professionnelles, accidents de trajet), notamment dans les secteurs de la santé, de l’action sociale et du nettoyage. Ces risques sont sous évalués et insuffisamment prévenus.
Pour les mutuelles et institutions de prévoyance, prendre en compte les spécificités et les risques professionnels liés au genre (prévention, soutien) peut favoriser une prise de conscience et une action collective en faveur de l’égalité professionnelle.
Quelques données clés (France) :
= En 2021, la durée des arrêts après accident du travail est plus élevée pour les femmes que pour les hommes (73,8 journées de travail perdues par accident pour les femmes contre 67,9 journées pour les hommes).
= Les accidents de travail mortels concernent surtout les hommes (90%)
= Le risque de violences sexistes et sexuelles au travail pèse à 90% sur les femmes
= Les femmes travaillant dans les métiers du care (santé, action sociale …), les activités de services, commerce et industries de l’alimentation et les activités de commerce non alimentaire sont exposées de manière aigüe au risque d’accident du travail et les politiques de prévention ne les protègent pas suffisamment. Les deux premiers secteurs cités, fortement féminisés, concentrent 65% des accidents du travail des femmes en 2019.
= Les taux d’accidents et d’absentéisme chez les femmes ne sont pas liés à des contraintes familiales ou aux enfants, mais plutôt aux organisations de travail mal adaptées à l’arrivée des femmes dans certains métiers (les métiers accidentogènes se féminisent).
= La progression des maladies professionnelles chez les femmes (en particulier les troubles musculosquelettiques dans le secteur du care) est une conséquence directe de conditions de travail inadaptées.
Retrouvez le rapport complet de l’ANACT ici