L’emploi des jeunes doit être une priorité des politiques de soutien de l’activité.

*http://www.tdte.fr/

Comment évaluer l’impact économique de la crise sanitaire liée au Covid-19 ? 

L’impact économique de la crise dépendra évidemment de l’efficacité des plans de relance mis en place. Cette efficacité repose sur trois piliers, la fin effective de l’épidémie, le désir collectif de reprise et la confiance dans les politiques menées.

La fin de l’épidémie est une donnée exogène, mais la compréhension de ce virus a beaucoup progressé et on peut penser que même si malheureusement une deuxième vague devait se déclarer, les politiques de confinement seraient moins massives, plus locales et limitées. L’éducation du public et la diffusion des masques et des tests devraient permettre à la majorité des pays d’adopter une attitude « coréenne » ou taïwanaise.

La confiance sera aussi très différente selon les pays. Dans les pays où les infrastructures sanitaires, de transport public, d’organisation du travail sont faibles, la confiance ne sera pas manifeste. Dans les pays mieux organisés, la fin définitive du confinement pourrait correspondre à une reprise plus rapide. En la matière, la France n’est pas nécessairement dans une bonne position : les transports publics sont saturés en région parisienne et dans les grandes villes, les infrastructures sanitaires et médico-sociales sont souvent insuffisantes. La généralisation du télé-travail pourrait perdurer en même temps que l’inquiétude, ce qui demandera une adaptation rapide et coûteuse de l’offre et des processus de production.

Le désir de reprise dépendra du modèle de croissance proposé et de l’adhésion du public. Une croissance qui reposerait sur des circuits courts et la valorisation de l’environnement semble avoir la faveur du public. Est-ce-que ce désir latent est durable et sera-t-il bien incarné par les politiques publiques ? C’est la question fondamentale.

La politique économique de soutien à la reprise de l’activité doit-elle privilégier le pouvoir d’achat ou les aides aux entreprises ?

Elle doit surtout favoriser les jeunes. L’emploi des jeunes doit devenir une priorité, parce que nous sommes dans une société vieillissante et que les jeunes qui sortent de leurs études en période de crise mettent 11 ans à rattraper les niveaux de rémunération de leurs camarades qui ont eu la chance de terminer ces études en période de croissance. Il leur est plus difficile et plus lent de trouver un emploi et de fait ils achètent moins de véhicules, de biens durables et de logement, ils se marient plus tard et ont moins d’enfants.

C’est donc une priorité absolue de favoriser l’emploi des jeunes. Il faut de ce fait peut-être réfléchir à rétablir les pré-retraites pour une période limitée et permettre aux pré-retraités de pouvoir accéder à des cumuls emplois-retraites et des activités socialisées. Cela aiderait les entreprises à se lancer dans des recrutements de jeunes, mais c’est un débat très complexe.

Il faut aussi favoriser les investissements de long terme dans des entreprises responsables qui obéissent au respect des normes sociales et environnementales, parce qu’elles anticipent sur ce que sera la demande finale des ménages dans cinq ans.

Sous le poids de cette crise, faut-il s’attendre à une redistribution des rôles entre l’Etat, les entreprises, les partenaires sociaux et l’ensemble de la société civile ?

Plus que jamais, le modèle doit être repensé. Pour autant, ces réajustements doivent se faire après un temps de réflexion et de négociations. Les pistes de réflexion sont nombreuses.

Une idée structurante est peut-être de redéfinir le rôle de l’Etat comme celui d’un réassureur social. Il faudra du temps pour y parvenir et ce n’est pas dans l’urgence que ces réformes peuvent être menées.