Terra Nova et l’Apec ont mené conjointement une étude auprès de 5000 actifs dont 3000 jeunes de moins de 30 ans. Loin des stéréotypes, il ressort de cette enquête que les jeunes actifs sont engagés et motivés par leur évolution professionnelle. Tout autant investis dans leur travail que leurs aînés, ils formulent les mêmes attentes envers le travail que les plus âgés : la rémunération, l’intérêt des missions, et l’équilibre de vie. Au-delà de ces constats, le rapport des jeunes actifs au travail se caractérise par une forte hétérogénéité, liée aux positions sociales et aux emplois occupés.
Les auteurs du rapport – Gilles Gateau, directeur général de l’Apec et Thierry Pech, directeur général de Terra Nova – constatent « de nombreux préjugés sur l’attitude des jeunes au travail : ces derniers n’entendraient plus lui accorder une place aussi centrale dans leur existence que leurs aînés, voire seraient massivement désinvestis. Ils exprimeraient des attentes différentes envers le travail, soit purement utilitaires (travail = salaire), soit au contraire plus politiques (travail = levier d’engagement social). Ils remettraient en cause les relations d’autorité dans l’entreprise et s’y comporteraient comme des électrons libres. »
Or le rapport Terra Nova et de l’Apec montre que ces préjugés, souvent bien ancrés dans la société et dans les entreprises, sont largement erronés.
L’enquête révèle que les jeunes actifs ressemblent à leurs aînés : « comme dans les autres groupes d’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le niveau de diplôme ou encore le type d’entreprise dans lesquelles ils exercent révèlent des écarts importants dans le rapport au travail. »
Le rapport met aussi en évidence qu’il n’existe pas « une » jeunesse au travail mais bien plusieurs, et que « ce sont tout de même les profils les plus positifs qui dominent : les ambitieux, les satisfaits et les combatifs réunissent en effet près des trois quarts des jeunes actifs. »
« À rebours des préjugés à la mode, les traits qui ressortent de ce tableau sont une forte demande de collectif, un récurrent désir de formation et d’évolution professionnelle, une solide volonté de progresser. »
La « mauvaise réputation » des jeunes au travail en dit probablement davantage, selon le rapport, sur le regard des actifs plus âgés que sur une réalité sociologique objective. Ce regard si sévère pourrait être lié une « illusion de déclin moral », nourrie de la tendance à rechercher les informations négatives sur autrui et de la propension à enjoliver le passé.
Rappelant que les entreprises ont déjà compris que pour favoriser l’inclusion et la diversité il est essentiel de « lutter contre les idées reçues et les stéréotypes », les auteurs espèrent que leur travail contribuera à « répandre l’envie de faire davantage confiance aux jeunes dans le travail et de les intégrer avec davantage de bienveillance. »
Points clés du rapport (source : Apec)
À rebours des idées reçues, les jeunes actifs (cadres et non cadres) se déclarent tout aussi investis dans leur travail et leur organisation que leurs aînés :
- Les jeunes actifs accordent autant d’importance au travail que leurs aînés (47 % le jugent plus ou aussi important que les autres pans de la vie vs 47 % des 30 à 44 ans et 36 % des 45 ans et plus).
- Ils n’apparaissent guère plus rétifs à l’autorité : 40 % acceptent les décisions hiérarchiques par principe, et 43 % dès qu’ils les comprennent.
- Parmi les cadres du secteur privé, l’importance accordée au travail et le rapport à l’autorité ne diffèrent pas non plus entre les moins de 30 ans et les plus âgés.
En retour de leur investissement, les jeunes actifs formulent les mêmes attentes fondamentales envers le travail que les actifs plus âgés :
- Les jeunes actifs souhaitent avant tout un travail rémunérateur (55 %), intéressant (41 %) et facile à concilier avec leur vie personnelle (34 %).
- Si ces registres d’attentes peuvent revêtir des formes différentes, ils sont communs à toutes les catégories d’actifs, quels que soient l’âge ou la catégorie socioprofessionnelle.
En revanche, les jeunes actifs se distinguent par une envie plus marquée de progression professionnelle, propre au début de carrière :
- La grande majorité des jeunes actifs sont déterminés à gagner en rémunération (89 %), en autonomie (80 %) et en responsabilités (69 %) ; une détermination encore plus marquée chez les jeunes cadres du secteur privé.
- Les jeunes actifs, notamment les jeunes cadres du secteur privé, émettent d’ailleurs la crainte que le télétravail n’entame leurs possibilités de progression.
Mais au-delà de ces constats moyens, le rapport des jeunes actifs au travail se caractérise par une forte hétérogénéité, liée aux positions sociales et aux emplois occupés :
- Six groupes de jeunes se distinguent par des rapports au travail différents, selon ce que ce dernier représente pour eux et selon l’intensité de leur volonté d’évolution professionnelle.
- L’appartenance à ces groupes varie bien souvent en fonction du milieu social d’origine et de la catégorie socioprofessionnelle.