À l’occasion de la Journée nationale des aidants du 6 octobre 2023, la presse s’est intéressée à la question des salariés aidants. Quelques exemples avec France Info, La Croix et Les Echos.

France Info

Chronique Seniors, le 1er octobre 2023

Frédérique Marié, Radio France

L’OCIRP, l’Union d’organismes de prévoyance, oeuvre pour la protection des familles et publie le 6 octobre (Journée des aidants) sa troisième étude sur les aidants et aidantes en entreprise. »

L’observatoire annuel des salariés aidantes et aidants, vise à comprendre comment les entreprises et les partenaires sociaux pourraient mieux les soutenir. Selon l’étude de cet organisme commun des institutions de rente et de prévoyance OCIRP / VIAVOICE, l’âge moyen du début de l’aide pour les salariés aidants est de 35 ans en 2023 – 36 ans en 2022, 39 ans en 2021.

Voir aussi
France Info Senior, le 15 octobre 2023

Frédérique Marié, Radio France

« Sous le terme aidant, il devrait y avoir un statut reconnu, que vous soyez mineur ou adulte, et rien ne prépare à ce parcours du combattant. »

Chronique « C’est mon boulot », 7 et 8 octobre 2023

Sarah Lemoine, Radio France

Absentéisme, présentéisme, désorganisation du travail. Une entreprise qui ne fait rien pour ses salariés aidants, perd finalement beaucoup d’argent.

Quelle est l’addition ?

Elle est très salée. Le coût caché des salariés aidants pour le secteur privé, au niveau macroéconomique, est compris entre 24 et 31 milliards d’euros, d’après les calculs de l’économiste Nathalie Chusseau. Rapporté à l’échelle d’une entreprise privée du secteur des services, qui emploie 100 salariés dont 20 aidants, c’est tout aussi conséquent : 171.000 euros par an.


La Croix, 6 octobre 2023

Éditorial : Aider les aidants

Jean-Christophe Ploquin, Rédacteur en chef

« C’est une myriade invisible au sein de la population française : plus de 9 millions de personnes – en grande majorité des femmes – sont des aidant(e) s. Elles accompagnent un proche fragilisé par une perte d’autonomie liée à l’âge, à la maladie ou à un handicap. Elles se sont engagées le plus souvent sans se poser de questions, mues par l’affection, la générosité. Beaucoup n’ont pas conscience de l’impact de cette routine solidaire dans leur existence. Il n’est pourtant pas négligeable. C’est parfois toute l’organisation de la vie familiale, sociale, professionnelle quand on est encore en activité, qui en est affectée. Et une charge mentale qui pèse lourd.

Cet investissement sort progressivement de l’ombre grâce à des associations, à des organismes de prévoyance, qui révèlent la dimension publique du phénomène et qui appellent à aider les aidants. L’enjeu devient politique, surtout dans un contexte d’augmentation de la dépendance liée au grand âge. Il est aussi économique, notamment pour les entreprises dont certains salariés sont directement concernés.

Le sujet a aussi une portée éthique, au fur et à mesure que l’aidance est chiffrée en matière de coûts. Ce qui relève d’une démarche gratuite est progressivement envisagé comme un acte possiblement commercial. Le glissement est sans doute indispensable, mais la relation humaine doit rester au cœur. »

Les aidants, un coût autant qu’une richesse pour l’entreprise

Nicolas Senèze, Responsable de la rubrique Politiques sociales et finances publiques

À l’occasion de la Journée nationale des aidants, un baromètre annuel sur les salariés aidants s’intéresse aux « coûts cachés » qu’ils représentent pour les entreprises. Une manière d’attirer l’attention sur la nécessité de soutenir ces personnes aux compétences souvent sous-estimées. Ces sujets seront au cœur d’un événement organisé ce vendredi par le Club Landoy et le collectif Je t’aide, en partenariat avec La Croix

« Le regard sur les aidants en activité doit changer »

Entretien avec la docteure Hélène Rossinot, autrice d’un livre sur les proches aidants.

Jeanne Ferney


Les Echos, dossier du 6 octobre 2023

Salariés aidants : l’heure de l’action dans les entreprises

Georges Lucien Mathey

Cruciale pour l’avenir de nos équilibres économiques, sociaux et politiques, la prise en compte et la gestion de la problématique des salariés aidants est une bombe à retardement pour les entreprises. D’où l’urgence d’actions concrètes et structurantes.

(…)

Sur les 11 à 13 millions de Français qui accompagnent ainsi régulièrement un proche, 4 à 6 millions d’actifs concilient cette action avec leurs contraintes professionnelles. Une mobilisation individuelle rendue nécessaire par l’insuffisance des structures d’accueil collectives et de personnels intervenants, pour le coup aidants salariés de structures privées.

(…)

C’est pourquoi l’aménagement de la prise en charge au sein des entreprises demeure prioritaire, quand nombre de salariés aidants agissent encore aujourd’hui dans l’ombre, de crainte de perdre leur emploi.

(…)

Les entreprises vont ainsi pouvoir redorer le blason RSE de leur marque employeur en donnant plus de sens à leur gestion RH, tout en exploitant les nouvelles compétences des salariés aidants dans le champ professionnel. Reste à trouver des systèmes de financement permettant aux entreprises de jouer pleinement ce rôle inédit.

Les pistes sont nombreuses, des exonérations de charge à l’utilisation des fonds de solidarité des branches professionnelles, en passant par la création de plans d’épargne dépendance dans les entreprises. Une chose est certaine : les entreprises et les pouvoirs publics vont devoir rapidement se saisir à bras-le-corps du problème qui, sinon, deviendra vite ingérable.

Salariés aidants : les DRH sur la ligne de front

Georges Lucien Mathey

(…) Michel Barabel, directeur scientifique de l’Executive Master Ressources humaines de Sciences Po est formel : les DRH sont à la manoeuvre pour la prise en compte de la problématique des salariés aidants, encore négligée il y a cinq ans. « Il y a toujours très peu d’entreprises qui ont pensé ce phénomène et mis en place des dispositifs efficients, explique le chercheur, la plupart d’entre elles temporisent.

Pourtant, selon lui, les réponses à apporter aux besoins des salariés aidants s’inscrivent dans une réflexion plus globale sur la flexibilité des horaires de travail avec, en toile de fond, une demande très forte de plus de liberté.

Cela peut poser des problèmes en matière de dynamique collective, de créativité, de capacité d’innovation et, pour tout dire, d’organisation du travail, reconnaît cet expert des RH, mais c’est une évolution majeure du monde du travail.

(…)

Mieux vaut donc s’y préparer dès à présent, d’abord en permettant au salarié aidant de parler de sa situation, en prenant en compte sa charge mentale, en lui donnant la possibilité de gérer ses problèmes, ce qui aura une incidence forte sur sa productivité individuelle et collective, sur sa volonté de s’investir et de performer dans l’organisation.

Ensuite, en reconnaissant sa montée en compétences compte tenu de son engagement personnel et en favorisant le transfert des compétences à l’univers professionnel dans une logique de VAE (validation des acquis de l’expérience). (…)

Salariés aidants : une cause en manque de reconnaissance

Georges Lucien Mathey

(…) « La cause des salariés aidants ne parvient pas à véritablement s’imposer dans l’opinion comme un enjeu majeur de santé publique, à la fois économique et sociétal, c’est un fait. Mais quand une entreprise s’empare du problème, à la façon de ce qu’a fait la Mutuelle Générale, des résultats spectaculaires sont enregistrés sur une période assez courte en interne, à la fois sur l’accompagnement desdits salariés et sur la solidarité collective exprimée pour cette cause. » (…)

« Il suffit que les entreprises s’engagent concrètement comme l’a fait ma Mutuelle Générale dans l’accompagnement de ces personnes et le fassent savoir pour que tout change, CQFD. » (troisième baromètre d’opinion de l’Observatoire solidaire de la Mutuelle Générale.)

La dépendance des personnes âgées est une menace économique majeure

Georges Lucien Mathey

Le coût de la prise en charge de la dépendance en France ne va cesser de s’accroître dans les prochaines années, pour atteindre 50 milliards d’euros d’ici à 2030. Son financement devra être assuré conjointement par l’Etat, les entreprises et les particuliers affirme l’économiste Jean-Hervé Lorenzi.

Trois entreprises passées de la réflexion à l’expérimentation

Jennifer Matas

(…)

Un serious game à l’Urssaf – Caisse nationale

(…) « Baptisé « La folle journée d’Axel », ce programme ludique suit un salarié fictif dans les différentes situations professionnelles et personnelles de son quotidien. Pendant 45 minutes, les joueurs doivent l’aider à traverser sa journée sans encombre, en répondant à des quiz et en remportant des jeux. « L’objectif final, c’est de réussir à préserver son équilibre vie personnelle/vie professionnelle », explique Gwénaëlle Favre, sous-directrice RH réseau à l’Urssaf Caisse nationale. (…)

Déployé en expérimentation pendant la semaine QVCT (qualité de vie et conditions de travail) en juin 2023, ce serious game sera proposé plus largement au sein du réseau des Urssaf, via les RH et référents santé. »

Des certificats d’aidants à la Poste

(…) « Nous avons mis en place un guichet pour obtenirun certificat des aidants, en dehors de tout lien hiérarchique, explique Julie Arduin, DRH opérationnelle de la direction des opérations services courrier colis au sein du groupe La Poste. Les salariés aidants peuvent joindre cette entité en toute neutralité et confidentialité, sans en informer leurs managers, et ainsi accéder à toutes sortes de services dédiés. »

Parmi ceux-ci, des facilités d’organisation du travail et de mobilité, une extension du droit au télétravail par rapport aux autres salariés ainsi que l’octroi de trois jours de congé par an supplémentaires pour accompagner son proche aidé. « Nous avons également créé un fonds de solidarité aidants avec une base de 1.000 jours de congé par an, auxquels les postiers et postières qui le souhaitent peuvent abonder. Ces congés peuvent être utilisés à la demande par les aidants », poursuit Julie Arduin. (…)

Informer sur l’aidance chez Schneider Electric

« Engagé depuis plusieurs années sur le sujet de l’aidance, Schneider Electric a mis en place des mesures pour renforcer les dispositifs légaux. Les salariés aidants peuvent, par exemple, recevoir une indemnisation employeur lorsqu’ils prennent un congé de proche aidant ou un congé de solidarité familiale tout au long de la période prévue par la loi – trois mois renouvelables. Ils ont aussi droit à deux demi-journées de congé par an pour accompagner un proche à un rendez-vous médical, quel que soit son lien de parenté. (…)

Pour s’adapter, Schneider Electric privilégie un axe d’attaque en particulier : l’accès à l’information et la sensibilisation. (…)

En plus de guides pratiques et de supports de communication divers sur le sujet de l’aidance, l’entreprise vient également de s’associer avec la plateforme du bien-vieillir Tasda pour diffuser de l’information. » (…).

Trois entreprises passées de la réflexion à l’expérimentation

Jennifer Matas

Gestion de projet, management, relations humaines… Les compétences transverses que développent les salariés aidants sont multiples, et pourraient s’avérer être une véritable mine d’or pour les entreprises qui les emploient. A condition de réussir à les valoriser.

Six mois de recherche en partenariat avec sept entreprises – dont Schneider Electric, La Poste, KPMG ou encore la Mutuelle Générale (LMG) – auront été nécessaires pour commencer à répondre à cette problématique : comment valoriser les soft skills des salariés aidants en entreprise ? Et ce n’est qu’un début. A l’occasion du colloque de l’Observatoire solidaire des salariés aidants, ce mardi 3 octobre 2023, LMG et Le Lab RH présentent les premiers résultats de leur groupe de travail.

(…)

« Pour maintenir leur emploi et créer de nouvelles opportunités de carrière, le sujet de la valorisation de ces softs skills est primordial, estime Sophie Loeuilleux. L’aidance n’est pas un coût social mais un gisement de valeur. Il suffit d’en libérer le potentiel. »

Salariés aidants : quand la coordination des acteurs passe par l’entreprise

Jennifer Matas

Employeurs comme salariés ont tout intérêt à coopérer sur le sujet de l’aidance, que ce soit pour libérer le potentiel des aidants et réduire l’absentéisme, ou pour s’appuyer sur une entité capable d’aider à mieux gérer ce rôle d’aidant. Pour y parvenir, la coordination est la clé.

D’ici à 2030, l’aidance touchera un salarié sur quatre, voire un salarié sur trois chez les plus de 40 ans. Autrement dit, tout le monde sera un jour concerné de près ou de loin par ce sujet, véritable enjeu sociétal.

(…)

C’est justement pour éviter que ces salariés aidants soient submergés par leur rôle que leurs employeurs ont tout intérêt à prendre les choses en mains. D’abord, pour des raisons très pragmatiques, comme réduire l’absentéisme. En moyenne, ces salariés totalisent 16 jours d’absence par an pour se consacrer à leur charge d’aidants et 24 % des arrêts non prévus. Sans compter que les aidants sont exposés à un risque de surmortalité de 60 %, d’après les données de l’Observatoire solidaire de la Mutuelle Générale.

Et puis, parce qu’il en va du rôle de l’entreprise. « L’aidance est un sujet très transversal, qui mêle à la fois enjeu de performance, qualité de vie au travail, obligations légales, santé et prévention des risques psychosociaux, RSE, etc. », rappelle Domitille Currat.

Enfin, pour mieux accompagner leurs salariés aidants, les entreprises doivent miser sur la coordination des acteurs. Mise à disposition d’informations, orientation vers les dispositifs adaptés et associations compétentes, soutiens en interne… « Pouvoir se reposer sur cette béquille est une véritable bulle d’air pour l’aidant, assure Samira Diab. Et quand on se sent accompagné et compris par son entreprise, on a envie de le lui rendre en s’impliquant à son tour dans son travail. Une vraie relation de confiance se crée. »

Salariés aidants : un guide « santé » pour améliorer leur bien-être

Jennifer Matas

Stress, insomnies, angoisses, les salariés aidants sont soumis à rudes épreuves. Or il est impossible de prendre soin de ses proches dépendants si on est soi-même défaillant, physiquement ou psychiquement. Un guide des médecines complémentaires et alternatives leur propose des solutions.

« Beaucoup d’entreprises ne connaissent même pas le congé proche aidants »

Georges Lucien Mathey

La problématique des salariés aidants en entreprise est aujourd’hui mieux documentée et prise en compte. Toutefois, si les entreprises sont encore peu nombreuses à les soutenir concrètement, c’est qu’il leur manque des dispositifs de financement pérennes, explique Pierre Denis, responsable du pôle engagement sociétal et délégué général de la fondation d’entreprise de la Mutuelle Générale.

Le constat de Pierre Denis, responsable du pôle engagement sociétal et délégué général de la fondation d’entreprise de la Mutuelle Générale, est sans appel : « Les salariés aidants, les entreprises en parlent mais elles ne passent toujours pas à l’action. Il y en a encore beaucoup, malheureusement, qui ne connaissent même pas le congé proche aidant, qui ne savent pas que c’est institutionnalisé. Ensuite, chaque entreprise a un peu sa définition de l’aidant ce qui complique pas mal les choses. Cela commence néanmoins à s’uniformiser parce que nous avons fait un gros travail sur ce thème. » (…) Au nombre (des) recommandations (de l’Observatoire de la mutuelle Générale) figure d’abord l’exigence de communication sur ce que l’entreprise met en place pour accompagner ces salariés, avec, par exemple, un guide spécifique mis à jour chaque année (…).

D’autres dispositifs existent, comme l’accès à une plateforme d’écoute – pour que le salarié puisse parler de sa situation à un psychologue en dehors de l’entreprise, ou la mise en place d’un coordinateur qui va aider le salarié aidant à se maintenir dans l’emploi, en aménageant sa vie personnelle. (…) Pour trouver le financement, il faut un business model avec, par exemple, des exonérations de charges pour l’entreprise, l’utilisation des fonds de solidarités des branches professionnelles, la création de plans d’épargne dépendance dans les entreprises. Et peut-être des solutions assurantielles, qui pour l’instant ne fonctionnent pas. Encore faut-il qu’il y ait une volonté pour avancer. »