Prendre en main le défi de la dépendance

Publié le 29 octobre 2020

André Renaudin, Directeur Général chez AG2R LA MONDIALE

Perte d’autonomie, dépendance, EHPAD, résidences seniors, maladies neuro-dégénératives, Apa, financement, assurance, aidants familiaux, aide à la personne… L’approbation du principe de création d’une 5e branche de la Sécurité sociale relance un débat complexe et marque une nouvelle étape de la réponse de notre système de protection sociale à cet enjeu d’avenir.

La perte d’autonomie est un défi majeur, destiné à devenir de plus en plus critique

Il y a urgence à agir : en 2060, la France comptera 5 millions de personnes âgées de 85 ans et plus, contre 1,5 million aujourd’hui.

Tandis que le nombre de personnes dépendantes est appelé à croître rapidement, les mécanismes actuels de financement seront vite dépassés s’ils n’évoluent pas. La dette publique devrait atteindre 120% du PIB cette année, et une multitude de besoins liés à la perte d’autonomie ne sont pas encore couverts.

La réponse à la dépendance requiert une approche globale

La perte d’autonomie est en effet trop souvent envisagée sous l’angle de la prise en charge médicale et de la fin de vie en EHPAD. Elle appelle au contraire des solutions aussi diverses que les situations de vie en âge avancé. C’est tout un continuum de solutions d’habitat, de soins, de préservation de la vie sociale et d’aide aux aidants qui doit être structuré.

Les cinq piliers pour accompagner au mieux la perte d’autonomie 

L’élaboration d’une solution globale et efficace de gestion de la dépendance doit commencer le plus en amont possible.

  • L’aide aux aidants et à la personne

Aujourd’hui 4,3 millions de Français sont aidants familiaux auprès d’un proche âgé de 60 ans ou plus. En 2030, ils seront un actif sur quatre. D’où la nécessité de soulager le quotidien des aidants pour préserver le lien familial et fournir une assistance digne et adaptée à ceux qui en ont besoin.

Il est également urgent de revaloriser l’activité et le statut du personnel d’aide à domicile, souvent précaire, pour faire de la dépendance un levier d’emploi et d’insertion économique.

  • La prévention et les soins médicaux

Encourager une activité sportive régulière et une bonne hygiène de vie diminue le risque de perte d’autonomie.

  • L’aménagement de l’habitat

Adapter l’habitat des seniors permet de réduire la probabilité d’un accident qui ferait tomber brusquement la personne âgée dans un état de perte d’autonomie.

  • Le renforcement du lien social

L’isolement et la solitude des personnes âgées participent à leur perte d’autonomie. La vie en communauté et les interactions sociales qui la composent réduisent le risque de perte d’autonomie.

  • Le métier de gestionnaire d’autonomie

Pour coordonner les sources de financement et les solutions pratiques de la préservation de l’autonomie, un « gestionnaire d’autonomie », – équivalent du care manager scandinave – représentera le premier interlocuteur des personnes dépendantes et de leur famille pour assurer une prise en charge continue, complète et coordonnée de la perte d’autonomie.  

Face aux besoins croissants, la cinquième branche devra concilier financements publics et privés

L’essentiel de la dépense publique doit se centrer sur la prise en charge de la dépendance lourde et des retraités au patrimoine le plus faible. Le risque d’une pression fiscale croissante sur les entreprises et les actifs, le bon niveau de vie des retraités, supérieur à celui des actifs (de 10% en 2020) justifient qu’on sollicite les retraités selon le principe « Actif, je cotise pour ma retraite ; retraité je me prépare au risque de dépendance ».

Pour les ménages qui ne disposent pas des moyens de s’assurer, l’action sociale des groupements de protection sociale (GPS) peut être un complément pertinent à l’action de la solidarité nationale.

Demain, la cinquième branche devra se construire entre une sollicitation raisonnée de la solidarité nationale, et une mise à contribution équilibrée du patrimoine individuel et des mécanismes de mutualisation assurantielle.

Les GPS peuvent se positionner comme coordinateur global de tous les acteurs de la dépendance et être l’interlocuteur privilégié des seniors

Pour guider les individus et leur famille parmi ces solutions et développer des modes de financement pertinents, comme l’assurance, la contribution des groupes de protection sociale comme AG2R LA MONDIALE sera précieuse. Leur statut d’organisation à but non lucratif, leur proximité aux assurés et le lien intergénérationnel qu’ils entretiennent par la gestion de la retraite complémentaire leur permettront de prendre part au débat pour être à l’avant-garde de la préservation de l’autonomie.

André Renaudin, Directeur Général chez AG2R LA MONDIALE