La résilience est la capacité à vivre face à l’adversité.

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Vous défendez activement les vertus de la résilience, en particulier dans le monde du travail, en termes de performance responsable et de progrès sociétal. Pouvez-vous expliciter ce concept ?

La résilience est la capacité à vivre, à réussir et à se développer face à l’adversité. Appliquée au monde du travail, la résilience professionnelle génère une nouvelle forme de performance individuelle et collective.

Il s’agit d’un processus de transformation très profond qui implique l’individu et le collectif et nécessite des ressources internes et un environnement relationnel fertile pour éclore et permettre un nouveau développement après un traumatisme.

Accidents de la vie ou de parcours, évolutions technologiques et transformations des métiers, crises économiques… la vie en entreprise et de l’entreprise sont parsemées d’embûches et d’incertitudes.

Chaque jour, individus et collectifs font face à l’adversité et parviennent à la surmonter avec plus ou moins de succès.

La résilience n’est pas une compétence en tant que telle, elle ne se décrète pas et ne peut advenir que dans l’épreuve. Il ne s’agit pas de s’adapter. Il s’agit de se transformer, tel le Phoenix qui renait de ses cendres.

Dans le sport de haut niveau, l’échec et l’accident font partie de la victoire. Pourquoi s’en priver dans un monde du travail qui cherche aussi la performance ?

Sens des priorités, empathie, audace, agilité, combativité, courage, entreprenariat, intelligence émotionnelle, créativité, innovation… sont autant des qualités et de compétences acquises – chèrement – dans l’épreuve du rebond.

Celles et ceux qui ont déjà vécu des effondrements, personnels et professionnels, ont expérimenté cette transformation et acquis des convictions qu’il convient de prendre en compte pour repenser une performance qui accorderait sa juste place à l’Humain.

Et si demain, la résilience professionnelle générait une autre performance, réconciliant l’économique et le social, le capital et le travail ?

Dans le contexte de crise sanitaire liée au Covid-19, comment cette approche peut-elle aider les personnes vulnérables (notamment âgées et/ou handicapées, malades), leurs proches et les professionnels qui les accompagnent ?

Il est important d’insister sur le fait que la résilience ne saurait être une « baguette magique ». Elle n’est pas automatique et ne saurait répondre à l’injonction. Elle est une hypothèse souhaitable.

La résilience met en exergue des récits de vie et des parcours d’accompagnement qui sont autant de sources d’inspiration et des respirations lorsque nous sommes dans la tourmente. La parole se libère et le processus peut s’engager.

Il y a un phénomène fondamental dans la résilience qui est ce temps où ayant réussi à faire face à l’évènement grave qui nous heurte de plein fouet, on reprend pied, célébrant de « petites victoires ».

Ce jour où l’on peut porter un autre regard sur ce qui s’est passé, voire lui accorder une valeur. Ce moment d’acceptation relative qui nous permet de donner un sens voire de témoigner. Comme un passage de témoin. Devenir soi-même « tuteur de résilience » et rompre ainsi avec sa solitude et son isolement au profit d’un autre qui en a besoin et qui à son tour pourra débuter son chemin. Peut-être.

Parfois, nos pépins génèrent des pépites et nous font découvrir véritablement ce que veut dire fraternité, authenticité, altérité… même au travail !

Ce que je constate c’est que celles et ceux qui avaient déjà été éprouvés par la vie ne sont pas forcément les plus fragiles aujourd’hui et sont par ailleurs de précieux soutiens pour les autres.

Quelles réflexions vous paraissent-il utiles de mener sur la place des vulnérabilités dans notre société ?

Avant même la pandémie, notre environnement professionnel connaissait de profondes mutations qui généraient en silence, une cascade d’adversités. Les individus n’étaient pas en reste et étaient souvent mis au bord de la route.

Dans le contexte inédit que nous vivons, nous sommes, individuellement ET collectivement confrontés à l’expérience de la vulnérabilité, avec son lot à venir d’impacts personnels, professionnels, économiques et sociétaux. 

Cette épreuve de l’adversité est une plongée radicale dans un principe de réalité : nous sommes tous vulnérables, en particulier dans le monde du travail.

Cette vulnérabilité n’est pas que déficitaire. Bien au contraire.

Changer de regard est une nécessité et notre responsabilité.

Oui, Humains et Entreprises sont mortels et vulnérables. C’est ce qui nous différencient – encore – de la machine.